Où l’iris sous la peau du sol se racine et voit
« L’érosiris »
L’iris voit sous la terre par la peau tout au long de la reptation de sa progression. Il se développe et s’insinue en rhizome en rampant au secret comme une taupe en aveugle qui se tapit et organise son espace et son « déplacement » par le son et la vibration terrienne du boyau au gré des entrailles ténébreuses, sous la croûte de sédiment meuble dans un interminable déploiement de sinuosités , de dévers et de détours .
De temps en temps comme en un respir de soulagement, il drageonne puis bourgeonne et lance ainsi son périscope aérien et léger en des points de sols distants qui témoignent en surface du réseau souterrain « de ses galeries. »
Il perce alors le substrat inférieur qui est pour lui comme une voûte et de ce trou-sténopé perçoit par la pointe et le fil de la lame verte qu’il élève, l’apex du ciel.
Peu à peu cette verticale se fourche, se dédouble et se couronne aux repentirs de son développement, de plissés et de fourreaux froissés qui de tendres opales s’épanchent en améthystes et aigues marines florales.
L’iris s’accommode au monde et à ses lumières. Il déploie aux premiers rayons de soleil les soies parme de ses peaux intérieures qui aux charmes de ces frêles chaleurs caressent en échange les alentours de fragrances savantes.
C’est peut-être le désir de voir qui pousse l’iris par-delà les ténèbres à ramper, se rétracter, et se dilater jusqu’au faîte des pétales de sa fleur
C’est peut-être le désir de voir qui pousse l’iris à velouter la lame du regard en l’enracinant au cœur et au corps fertile de l’humide humus humain .et de ses cérébrales villosités serpentines qui blanches et nacrées se terrent contenues et contraintes sous la voûte en arc du crane écran.
L’œil est aussi l’apex organique de ce mouvement d’entrelacs interne qui de peaux en peaux retournées contient, comprend puis oriente vers l’externe la tension du regard fléché à travers le sténopé de l’iris qui musclé accommode et consomme le frottement flottant des images renversées du monde filtré et « cristallin » qui le traversent.
L’artiste sait peu à peu par expérience qu’il lui faut jardiner et cultiver les roses et l’iris et pratiquer avec art le bouquet où se mêlent, s’entrelacent et fleurissent «Lesrosesiris » et « l’ erosiris » alors son regard peut parcourir le monde et le parsemer de légèretés pour en éroder les gravités. Eros rode en ce paysage et ce regard cultivé. La belle échappée, la belle dérobée de ce paysage qui nous fuit nous convie au lointain de ses horizons fléchés…