Ciels

…Ciels
 
 
Lever la tête lorsque le souffle s’est calmé et obéir au pas. Le regard coule, se colle puis se cale aux pierres et aspérités, se pervertit de gris, de bruns, d’ ocres, de terres et de bois morts terriblement terreux, puis lentement comme une démesure se déplie et se dissout dans les bleus vifs et argents natifs des éclairs frangés et nourriciers du ciel.
 
Le ciel se nourrit vraiment des veines de sol. Le tissu des ramures en atteste au printemps. La lumière dorée qui s’y insinue en est un indice fuyant.
 
Etrange embrasement, silencieusement sonore et éclatant des ors qui explosent et avivent d’incandescences un frêle instant, hors du temps des médiocrités crayeuses et ternes, ces écorces reptiles qui fossilisent encore là, sous nos yeux, cette condition inéluctablement nouée à la minéralité du végétal.
 
Soudain, la tête bascule, se relève, s’échappe sous la tension continue des muscles du cou. La sensation du pli occipital marque l’arrêt du regard, ouvre les yeux, les humidifiant légèrement. Presque incidemment suivent les humeurs de salive qui emplissent la totalité du palais, coupant toute parole, toute entente. Alors, la voûte palatine se teinte des fraîcheurs et vapeurs humides de cette posture d’étonnement et un faible et volatil souffle chaud s’exhale ….petite brume grise vouée au bleu du ciel
 
Indispensable étonnement qui participe de l’ether.