Désert, désir, disert, dessert etc…

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Désert, désir, disert, dessert etc…

Pourquoi le désert ? Pour son aspect géographique, symbolique, métaphorique, pour son sable et les nombreuses pièces que j’ai envisagé et qui s’y rapportent assurément au moins par la profusion de cette matière étrange, si abondante et extrême ou pour d’autres raisons plus secrètes, plus cachées, moins évidentes.
Il en est une autre qui procède de l’errance et de l’aire qui est de l’ordre de l’ajustement décalé du mouvement inhérent à emploi de certains mots. La langue n’est pas classée dans le vivant comme dans une bibliothèque ou un dictionnaire dans un ordre logique déterminé, hiérarchique, uniquement soumis à l’alphabet et sa cohorte d’incongruités, d’injustices de proximités et de frontières. Les mots produisent du proche, du voisin, du frontalier par frottements, glissements, frémissements, tensions, captations , ruses, pièges , vols, rapts, douceurs et tendresses, élisions et jeux. Il existe à la base de la langue et de son usage une érotique gourmande jubilatoire plus ou moins retenue qui transporte et connecte le corps du monde au corps de chair du « langagier » qui dès lors l’engage dans un rapport de suspension… de points… de grains ….de textures, de connexions de tessitures et d’amplitudes.
Le goût du désert est celui du désir par proximité phonétique; Il procède également d’autres parentés par fragmentaires de mots et dérives induites.
Le désert comme friandise, comme sucré salé, comme plat minimal, unique dessert, riche, bavard de silence, fort en goût, peu disert, économe, retenu, tapi, vivant d’envies en sommeils. Le désert est là en attente comme un désir en suspens d’images, en légèreté.
J’opte pour une continuité tissulaire des modes du monde qui lie en feuilleté et en sablé la pâte de celui-ci dans une complexité infinie de recouvrements, de voiles, de pellicules et de peaux. La langue, la géographie, le paysage, le vêtement, l’histoire, le souffle, le rêve, l’autre, les organes ne sont que des plis plus ou moins fins de feuillets successifs qui retiennent un des états de désir et de précipitation des modes du monde.
La connaissance se fait par un état d’expérience permanent lié à la mise en conscience du frottement et de la vibration qui permet aux divers feuillets de se rassembler en un même volume. La soumission sans résistance à ces actions frottement et vibration produisant par amplification un mouvement d’expansion, un feu, un orgasme qui propulse par plis et ondulations une union transversale des diverses strates concernées comme dans une infinie tectonique des plaques. un indicible amoureux.
Le désert se construit sans cesse une jeunesse plissée, Le grain de son sol est celui de sa peau si souple et délicate et néanmoins aride.
Le désert entretient le désir par son esthétique du plis , du voile , de l’étendue , du suspens des airs, de sa peau infinie qui d’une à l’autre de ses dunes se décline silice colorée, peau pierre de sable, regard clos , plissé de sommeil au soleil, en attente d’ écarquillement et de réveil.#