En dune la langue des sables

Titre de l’action : « En dune la langue des sables »

: Etymologie et archéologie de curiosité de «  la Teste de Buch » 

Ce qui surprend intrigue et intéresse sur cette commune c’est le vis à vis des deux langues de sable se faisant front à la sortie du bassin la dune du Pyla et le banc d’Arguin.

D’un côté des masses de sable considérables déplacées constamment par le vent font culminer la dune, de l’autre comme en miroir des masses de sables sous marin accumulées par les courants composent la dune dont la langue de sable du banc est le sommet émergé.

Le vent, l’eau, le sable, le sel sont « les simples » puissants qui activent le vivant de cette sculpture de temps. Chronos à l’œuvre dans ce grand sablier géant avale le végétal dont il se nourrit. Le pied de la dune en témoigne, des strates de forêts laminées et compressées dessinent sur la peau dorée de silice de fines lignes et festons qui tranchent et ondoient. De gris, noirs et bruns et ocres ces lignes nous rappellent le long laminage des forêts des dos de dune progressivement englouties et enfouies. Le végétal passé à l’ombre réapparait enfin aux feux du soleil, métamorphosé il tombe en squames et croutes et retourne progressivement à la dilution des eaux de l’océan.

Sous le pied de dune dans l’humide se secrète au secret du contact des eaux salées remontant par capillarité une réaction lente d’oxydation et de sudation des sols profonds qui agglomère les sables créant cette singularité qu’est l’Alios. Parfois au printemps quand la dune retrouve sa juste respiration, le promeneur solitaire attentif peut, ébloui, trouver des sortes de roses de sable éphémères en Alios qui fleurissent sous le vent au détour de quelques petits éboulis.

J’ai choisi de travailler avec ces matériaux minimaux que sont le vent, l’eau, le sable, le sel, le végétal et l’Alios et de les confronter aux langues de sables. Pour cela j’ai décidé de mettre en jeu par les pièces produites au Pyla une légère érosion entre le lieu géographique réel et le lieu de la langue qui porte par le nom dans son étymologie certains enracinements possibles.

«  La teste de Buch » évoque indubitablement étymologiquement un rapprochement à produire entre des éléments signifiant Livre ( le lieu du récit du mythe de la culture et de la connaissance) dans trois des langues européennes, allemand Buch, anglais Book et français Bouquin. Ce terme se lie également à l’étymologie de la forêt car avant le parchemin l’écriture était produite et conservée sur de fines planchettes de bois ou écorces de bois de hêtre. Cette fibre végétale « le liber » donnera par ailleurs sa racine à l’étymologie latine du Livre, Liber. Etrangement bouquin est aussi lié à l’animal il désigne à l’origine tout aussi bien un petit bouc, qu’un lièvre mâle, un lapin ou un «  libertin »…ici se retrouve le lien au livre et à la liberté…celle de courir en ces forêts primitives…

Il y a quelques mois on découvrait dans une des couches fossile de la dune du Pyla les fragments d’une étrange tête d’animal sculptée en Alios … «  la Teste de Buch ». * lire à ce sujet l’article figurant dans l’installation

Croquis de preprojets de l’installation Pyla 2009